miércoles, 11 de febrero de 2015

Axe I: L'enfance de Fellini, pilier de sa création .
Le Fascisme et l'Église ont profondément marqué l’enfance de Federico Fellini. On peut le voir dans chacun de ses films, en particulier dans Amarcord , film entièrement autobiographique , où Fellini raconte son enfance à Rimini durant les années du fascisme italien lorsque l'Église était omniprésente dans la société. C’est a partir de Huit et demi, son film le plus personnel, que Fellini rompt avec les néo-réalistes (qui contrairement à lui veulent filmer l’instant présent n’ayant pas de scénario et prenant comme acteurs des passants dans la rue) en parsemant ses films de ses souvenirs et de ses fantasmes . Avec le récit de son enfance , il commence donc la création de l’univers Fellinien, un cinéma qui lui ressemble et transcrit fidèlement ses obsessions .
 

a) Le Fascisme : un Régime fait de lourdeurs et de soumission .

Une de ses grandes obsessions est le Fascisme, c’est dans Amarcord que le réalisateur nous le montre en insistant bien sur son coté burlesque, il veut décrire ce moment de perte de repère des italiens qui se tourne vers un régime pesant, oppressant (comme quand le père anarchiste de Titta est arrêté et humilié) et réducteur, comme l’on peut le voir lorsque les jeunesses fascistes doivent faire des exercices, les garçons avec des fusils et les filles avec des cerceaux. Dans les autres films de Fellini,  le fascisme est évoqué  mais de façon très secondaire. Ici, il prend une place d’importance dans les souvenirs de son enfance à Rimini  . En effet, à l’écran son personnage ,qui n’est en vérité que lui enfant, se nomme Titta. Il possède déjà des obsessions felliniennes qui sont en partie dues à son adolescence : son amour pour la Gradisca, coiffeuse et véritable icône de beauté de la ville ou son fantasme sur les postérieurs des femmes . Titta fait partie comme tous les autres jeunes de son école des jeunesses fascistes et doit rendre hommage au Duce dans une des scènes d’Amarcord en accomplissant des exercices de combats pendant que les filles font de la gym . A la fin de la scène, tous se rassemblent devant une tête de Mussolini, faite de fleurs pour lui montrer leur soutien indestructible. Parmi cette foule, on voit les enseignants de Titta qui se sont reconvertis pour l’occasion en officiers du régime. Ciccio Marconi, un ami de Titta, imagine alors un mariage qui l’unirait à sa bien-aimée Aldina devant la tête de Mussolini qui se met soudain à parler.


 Cet extrait nous montre tout le ridicule et la toute puissance du régime qui endoctrine les enfants les poussant à acclamer le Duce, incarné par une tête monstrueuse, certains tel que Ciccio pense même que le régime peut les aider à réaliser leur rêve comme celui de le lier à Aldina . La reproduction des défilés fascistes est ici respectée avec le nombre des officiers en costumes impeccables, de drapeaux italiens, d’oriflammes tout cela dans une parfaite symétrie autour de la tête de Mussolini. Mais tous ne sont pas à ce défilé, le père de Titta est enfermé chez lui par sa femme et enrage d’entendre les cérémonies fascistes car il fait partie de la minorité de la population qui refuse de se laisser dicter sa conduite étant anarchiste. La figure du père enfermé tel un enfant est ainsi désacralisée  .
Avec cette cérémonie, Fellini nous montre ses souvenirs du fascisme tels qu’il les a vécus  comme un rassemblement à la gloire de l’abrutissement et de la soumission. Soumission physique et soumission morale. Physique car le père de Titta est peu après arrêté car on l’accuse d’avoir mis l'internationale à la radio sur le clocher. Il est alors humilié par les officiers fascistes qui le forcent à avaler de l’huile de ricin à la gloire de l’Italie éternelle. Et morale car les enseignants, à l'école et en dehors, inculquent aux jeunes l'idéal fasciste et la pensée du Duce .
Même La Gradisca, plus belle femme de la ville et idole de Titta, fait l'éloge du fascisme. Elle épouse d’ailleurs un officier de Mussolini . Dans la scène très sensuelle au grand hôtel, elle attire même les faveurs d’un haut placé du régime qui est la représentation du régime fasciste par Fellini . Le prince, comme il l’appelle, est montré comme une coquille vide avec un costume d’un autre temps fait de plumes blanches, d’un costume militaire blanc et d’innombrables médailles. Il s’allonge avec une nonchalance et une lenteur faisant penser à une sorte d'épouvantail. Sans parler de ses acolytes qui à l'arrivée de la Gradisca agissent de manière exagérée et burlesque . Tous ces personnages sont vides et ridicules. Ils incarnent le régime mussolinien élevant au rang de personnalité importante des personnes sans intérêt comme s’ils n’étaient qu’un décor prestigieux pour les Italiens cachant une idéologie vide de sens et sans but réel. L'apothéose de cette lourdeur dictatoriale se trouve dans la scène où tout le village part en bateau pour voir et féliciter la gloire du régime ; le paquebot Rex.

 Avec ce paquebot, le régime donne alors une illusion faite de lumière et de machines lourdes et puissantes qui obscurcissent la raison. En excitant la fierté italienne, en leur montrant ce qu’ils peuvent accomplir, ils en oublient leur vie assez pénible.
https://bienvu.files.wordpress.com/2012/01/amarcord.jpg
Le Fascisme est seulement évoqué dans tous les autres films de Fellini . Dans Fellini Roma, ’on voit des portrait de Musssolini dans la salle de classe . Dans la scène du Music-hall, l’homme au micro dit croire en la victoire de l’Italie fasciste et éternelle,  mais sinon il n’y a que dans Amarcord que Fellini se plonge dans ce sujet qui l’a marqué et a affecté son regard sur l’homme. Un autre sujet accroche le regard qu’il porte sur l’humain, un sujet qu’il met toujours en parallèle avec le Fascisme dans ses films et qui a profondément marqué son éducation et son enfance: il s’agit de l’Eglise.

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